Les secrets du brassage et de la fermentation du whisky

Découvrez le processus complexe de brassage et de fermentation du whisky, des choix de céréales à l’influence des levures sur les saveurs. Une immersion technique.

Le brassage : la transformation des céréales en sucre fermentescible

Le brassage est la première étape cruciale dans la production du whisky, au cours de laquelle les céréales sont transformées en une base sucrée, essentielle pour la fermentation. Le maltage est une étape préliminaire où l’orge est trempée dans l’eau pour déclencher la germination. Cette germination active des enzymes qui décomposent l’amidon de l’orge en sucres fermentescibles, principalement du maltose. Une fois germée, l’orge est séchée, souvent dans un four à tourbe pour les whiskies tourbés, conférant ainsi des notes fumées caractéristiques au produit final.

Après le maltage, le grain est broyé pour obtenir une farine grossière, appelée grist. Ce grist est ensuite mélangé avec de l’eau chaude dans un processus appelé mashing (ou brassage). L’eau chaude active les enzymes qui continuent à convertir l’amidon en sucre. Cette étape produit un liquide sucré appelé wort, qui sera la base de la fermentation. Il est crucial que ce wort soit clair et exempt de particules solides pour éviter des saveurs indésirables dans le whisky final.

Exemples concrets :

  • Glenmorangie utilise des cuves de brassage modernes en acier inoxydable, permettant un contrôle précis des températures pour maximiser l’extraction des sucres.
  • Glenfiddich, en revanche, reste fidèle à des méthodes plus traditionnelles avec des cuves en bois, influençant subtilement les arômes du wort.

La fermentation : la naissance des arômes

Une fois le brassage terminé, le wort est transféré dans de grandes cuves de fermentation appelées washbacks. C’est ici que la magie opère : la levure est ajoutée au wort pour démarrer la fermentation. La levure, généralement du type Saccharomyces cerevisiae, convertit les sucres en alcool et en gaz carbonique. Ce processus dure généralement entre 48 et 96 heures, selon le profil aromatique souhaité par le maître distillateur.

Pendant la fermentation, non seulement l’alcool est produit, mais une multitude de composés aromatiques appelés congénères se forment. Ces congénères, comme les esters et les alcools supérieurs, jouent un rôle essentiel dans la complexité aromatique du whisky. Les conditions de fermentation, telles que la température, le type de levure, et même la composition microbienne naturelle dans les washbacks, influencent directement la nature et la concentration de ces congénères.

Exemples concrets :

  • Glenmorangie a développé une série limitée, Allta, en utilisant une levure sauvage découverte sur leur propre orge, montrant l’importance des levures spécifiques pour le profil aromatique unique.
  • La distillerie Glen Elgin a utilisé des levures non conventionnelles, comme Schizosaccharomyces pombe, pour créer des whiskies aux arômes distincts.

Influence des conditions de fermentation

Les variations dans les conditions de fermentation peuvent avoir un impact significatif sur le produit final. Par exemple, une fermentation longue (96 heures) tend à produire des whiskies plus riches en esters, conférant des arômes fruités plus prononcés. En revanche, une fermentation plus courte (48 heures) mettra davantage en avant les caractéristiques maltées du whisky.

L’utilisation de washbacks en bois (souvent en chêne) est un autre facteur crucial. Ces cuves favorisent la prolifération de micro-organismes naturels qui peuvent interagir avec la levure et enrichir le profil aromatique. Cependant, ces cuves nécessitent un entretien rigoureux pour éviter toute contamination non désirée qui pourrait ruiner une cuvée entière.

Innovations et recherches en fermentation

Avec l’évolution des technologies, les distilleries cherchent constamment à améliorer leurs processus de fermentation pour produire des whiskies aux profils aromatiques toujours plus distincts. Les recherches actuelles se concentrent sur l’optimisation des conditions de fermentation, l’utilisation de levures spécifiques, et même l’introduction de levures génétiquement modifiées pour maximiser la production de congénères souhaités.

Exemples de recherches :

  • Une étude récente a montré que le prétraitement du wort par ébullition ou autoclave influence la composition chimique du whisky, augmentant la production de certains esters tout en réduisant le rendement en alcool.
  • Les distilleries testent également de nouvelles souches de levures pour explorer des arômes inédits. Par exemple, Glenmorangie a utilisé des levures locales pour développer des éditions limitées avec des caractéristiques uniques.

Le brassage et la fermentation sont des étapes cruciales dans la production du whisky, déterminant en grande partie le profil aromatique du produit final. Les distilleries, qu’elles soient traditionnelles ou modernes, continuent d’explorer de nouvelles techniques et de redécouvrir des méthodes anciennes pour offrir aux amateurs de whisky une expérience sensorielle unique. L’art de faire du whisky réside dans l’équilibre entre innovation et respect des traditions séculaires, garantissant que chaque bouteille raconte une histoire riche et complexe.

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